Je crois
que le temps a marqué son passage sur moi. Aujourd’hui, lorsque le passé se
manifeste, lorsqu’il murmure mon nom dans le silence de mes pensées, je ne me
retourne plus. Je n’interromps plus ma marche pour lui répondre. Je continue,
inlassablement, sur le chemin qui m’appartient.
Avec les
années, j’ai appris une vérité simple mais essentielle : quand tout semble
s’effondrer, quand la vie devient trop sérieuse, ce n’est rien d’autre qu’un
rappel. Une injonction subtile à ne pas gaspiller le peu de temps qu’il me
reste. Ce temps, je dois le vivre, pleinement, intensément, et non le perdre
dans les labyrinthes du regret.
J’ai
assez vécu pour comprendre que le passé, aussi familier soit-il, n’est pas un
lieu où l’on peut habiter. Il est fait d’échos, de leçons parfois cruelles,
mais jamais d’abris. Et bien que je n’efface rien de mon histoire, chaque
souvenir, bon ou mauvais, est à sa place – dans le sillage de ma mémoire, non
dans les murs de mon présent.
Les
années m’ont également appris une autre sagesse : certaines guerres ne se
gagnent qu’en les abandonnant. Il faut parfois déposer les armes, accepter de
perdre pour mieux avancer.
Fernando Garcia.