"Comment
diable un mec peut-il apprécier d'être réveillé à six heures trente par un
réveil, de bondir de son lit, s'habiller, ingurgiter un petit déjeuner, chier,
pisser, se brosser les dents et les cheveux, se bagarrer en bagnole pour
arriver dans un endroit où il fait essentiellement du fric pour quelqu'un
d'autre et où on lui demande de dire merci pour la chance qu'il a ?"
Charles Bukowski
Chaque
matin, l'abattoir s'ouvre.
Le réveil
hurle, les zombies se lèvent. Ils courent, avalent leur café tiède, se battent
dans les embouteillages pour aller vendre leur temps, leur énergie, leur vie...
à d'autres.
Et ils
disent merci.
Merci
d'être exploités, lessivés, épuisés. Merci pour la crasse d'un salaire qui
partira aussitôt dans les crédits. Merci pour la roue infernale qu'ils font
tourner, sans jamais se demander pourquoi.
Pourquoi
?
Parce
qu'on leur a martelé depuis l'enfance : Consomme, bosse et crève.
Parce
qu'ils sont biberonnés à la pub qui leur vend des rêves formatés, des besoins
artificiels, des désirs préfabriqués.
Parce
qu'ils se retrouvent prisonniers d'une boucle débile :
Prendre
un crédit pour acheter une bagnole.
Utiliser
la bagnole pour aller bosser.
Travailler
pour rembourser la bagnole.
Et ils
rient... jaunes. Comme des hamsters tournant dans leur roue, trop fatigués pour
voir que la cage n'a même pas de porte.
Ils
croient être libres parce qu'on leur laisse choisir la couleur de leur voiture,
ou la marque de leur téléphone.
Ils
croient être heureux parce qu'ils peuvent cramer un week-end dans une galerie
commerciale à acheter des trucs dont ils n'ont pas besoin pour impressionner
des gens qu'ils n'aiment même pas.
Et
pourquoi restent-ils aussi dociles, aussi chamallow, aussi désespérément mous ?
Parce
qu'on leur a injecté dans le crâne, à coups de sermons et de catéchismes,
l'idée que le travail est la vertu suprême. Que souffrir est noble. Que trimer
sans broncher te vaudra un ticket pour un paradis hypothétique, pendant que
d'autres, ici-bas, se gavent sur ton dos.
Depuis
des siècles, l'église bénissait les riches et prêchait la soumission des
pauvres.
Aujourd'hui,
elle a laissé la place aux banques, aux pubs, aux multinationales.
Mais le
refrain est resté le même : "Travaille et tais-toi. Travaille et sois
reconnaissant."
Alors
oui, Bukowski gueule. Il crache à la gueule de ce monde à genoux.
Parce
qu'au fond, l'humanité aurait pu être solidaire, révoltée, vivante.
Au lieu
de ça, elle jalouse les pauvres, méprise ceux qui osent vivre autrement, et
crache sur ceux qui, malgré leur misère, ont gardé ce qu'elle a perdu : le
temps, la liberté, la dignité.
Ce n’est
pas une société, c'est un cirque triste.
Et les
clowns sont fiers d’y participer.
Une
simple réflexion partagée, signé Ours du Forez.