jeudi 1 mai 2025

Comment diable un mec peut-il apprécier d'être réveillé à six heures

 




"Comment diable un mec peut-il apprécier d'être réveillé à six heures trente par un réveil, de bondir de son lit, s'habiller, ingurgiter un petit déjeuner, chier, pisser, se brosser les dents et les cheveux, se bagarrer en bagnole pour arriver dans un endroit où il fait essentiellement du fric pour quelqu'un d'autre et où on lui demande de dire merci pour la chance qu'il a ?"

 Charles Bukowski


 

Chaque matin, l'abattoir s'ouvre.

Le réveil hurle, les zombies se lèvent. Ils courent, avalent leur café tiède, se battent dans les embouteillages pour aller vendre leur temps, leur énergie, leur vie... à d'autres.

 

Et ils disent merci.

Merci d'être exploités, lessivés, épuisés. Merci pour la crasse d'un salaire qui partira aussitôt dans les crédits. Merci pour la roue infernale qu'ils font tourner, sans jamais se demander pourquoi.

 

Pourquoi ?

Parce qu'on leur a martelé depuis l'enfance : Consomme, bosse et crève.

Parce qu'ils sont biberonnés à la pub qui leur vend des rêves formatés, des besoins artificiels, des désirs préfabriqués.

 

Parce qu'ils se retrouvent prisonniers d'une boucle débile :

Prendre un crédit pour acheter une bagnole.

Utiliser la bagnole pour aller bosser.

Travailler pour rembourser la bagnole.

 

Et ils rient... jaunes. Comme des hamsters tournant dans leur roue, trop fatigués pour voir que la cage n'a même pas de porte.

 

Ils croient être libres parce qu'on leur laisse choisir la couleur de leur voiture, ou la marque de leur téléphone.

Ils croient être heureux parce qu'ils peuvent cramer un week-end dans une galerie commerciale à acheter des trucs dont ils n'ont pas besoin pour impressionner des gens qu'ils n'aiment même pas.

 

Et pourquoi restent-ils aussi dociles, aussi chamallow, aussi désespérément mous ?

Parce qu'on leur a injecté dans le crâne, à coups de sermons et de catéchismes, l'idée que le travail est la vertu suprême. Que souffrir est noble. Que trimer sans broncher te vaudra un ticket pour un paradis hypothétique, pendant que d'autres, ici-bas, se gavent sur ton dos.

 

Depuis des siècles, l'église bénissait les riches et prêchait la soumission des pauvres.

Aujourd'hui, elle a laissé la place aux banques, aux pubs, aux multinationales.

Mais le refrain est resté le même : "Travaille et tais-toi. Travaille et sois reconnaissant."

 

Alors oui, Bukowski gueule. Il crache à la gueule de ce monde à genoux.

Parce qu'au fond, l'humanité aurait pu être solidaire, révoltée, vivante.

Au lieu de ça, elle jalouse les pauvres, méprise ceux qui osent vivre autrement, et crache sur ceux qui, malgré leur misère, ont gardé ce qu'elle a perdu : le temps, la liberté, la dignité.

 

Ce n’est pas une société, c'est un cirque triste.

Et les clowns sont fiers d’y participer.


Une simple réflexion partagée, signé Ours du Forez.