À 65 ans,
t’as plus la patience.
T’as plus envie de supporter les dîners obligés, les apéros faux-culs,
les conversations sur les croisières en promo
ou la réforme des retraites.
Et encore moins ces fêtes de village où les nouveaux venus te sourient
En te tendant une barquette de frites, alors qu’ils bavaient
De critiques sur ta gueule la veille au bistrot du coin.
À ce
jeu-là, tu préfères encore t’ennuyer
Seul que
faire semblant à plusieurs.
Tu regardes Tes invités tripoter leur serviette comme si c’était
un test de QI, zieuter les coins à poussière comme s’ils passaient
Un audit. Et toi tu souris…
À 65 ans, t’as plus rien à prouver. Oui rien
Ni ton compte en banque, ni ta maison bien rangée
Atypique mais pleine d’âme de chaleur
Avec son vieux poêles à bois, la grande
Table avec sa toile cirée vichy comme de poussière
Ni ta
capacité à faire semblant d’être
Ce que tu n’es plus depuis longtemps.
Parfois le contraire de ton
Ancienne Vie
T’es ce
que t’es : les galères que t’as traversées,
Tes anciens Amours en souvenir
Les coups encaissés, les rêves que t’as ratés
Et ceux
qui brûlent encore quelque part sous la rouille.
Si ça
plaît, tant mieux. Si ça emmerde, tant pis.
À 65 ans,
peu importe si t’as des gosses ou non.
Tu finis
de toute façon père d’un vieux chien
ou d’un chat clodo trouvé sous
la pluie.
Et quand
t’as même pas ça, t’es ton propre parent.
Tu
t’apprends à marcher moins vite, à respirer plus fort,
À aimer
ce foutu corps cabossé comme une vieille bagnole
Tant
physiquement que cérébralement
Qui tient encore la route malgré les bosses.
T’as
compris qu’il n’est pas là pour séduire
Mais pour t’amener au bout.
Et bref
tu y fait gaffe aux conneries
Alors
oui, la moitié de ton placard est trop petit,
Ou trop
large, ou trop inutile.
Mais si
ton dos se lève sans grincer
Comme une porte de grange, c’est déjà une
victoire.
À 65 ans,
tu veux la paix.
Pas la
paix du cimetière, non — la tienne.
La
liberté vraie. La Quiétude
Libre de
dire "non" sans t’excuser.
Libre de
rester en pyjama tout un dimanche à écouter du vieux blues.
Libre de
rêver à 3h du matin à une femme,
Un voyage ou un foutu road trip.
Libre de
chanter dans ton 4x4 comme un ado sous ecstasy
Même si
le feu est rouge et que les autres
Te regardent comme un fou. Oui mec
Ne t’en
as plus rien à foutre.
Tu refais
les mêmes rêves qu’à 20 ans,
Sauf que
maintenant tu sais :
Le temps
est un fil usé,
Un fleuve
qui fait des coudes,
Et
parfois, il revient en arrière pour te laisser une chance.
Alors
ouais, t’as déjà bouffé les trois quarts de ta vie,
Parfois
froid, parfois debout, parfois sans couvert.
Mais
maintenant, tu veux croquer lentement ce qu’il reste.
Tu veux
sentir le goût du sel, du sucre, du silence,
Et le
parfum d’un soir d’août sur une terrasse
Où plus personne ne t’attend.
Et c’est
là, pile là,
Que t’es
vivant.
C’est la
Vie
Tu apprends
encore à la dompter
A l’accepter
Signé Ours du Forez
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Aout 2025