Il y a
des moments dans la vie où il faut dire
adieu . Pas parce qu’on le veut, pas parce qu’on le choisit, mais parce
que la vie, dans son mouvement constant, nous y amène.
On dit
adieu à une histoire dans laquelle on a investi tout ce qu’on pouvait : du
temps, de l’énergie, de l’amour, des ressources, des rêves. On avait cru,
sincèrement, que cela durerait, que cela tiendrait. On avait espéré que les
efforts suffiraient à retenir ce qui semblait glisser entre nos doigts. Mais
parfois, malgré tout ce qu’on donne, malgré tout ce qu’on met en jeu, cela ne
marche pas. Et il faut accepter de lâcher.
On dit
adieu à une personne. Non pas toujours dans la colère ou la rupture, mais
parfois dans la douceur d’un constat : nos chemins ne sont plus faits pour se
croiser. Le lien reste, la gratitude demeure, mais l’histoire change de forme.
Et il y a une part de nous qui se dépose dans ce « adieu », une part qui sait
que rien ne sera plus jamais exactement pareil.
On dit
adieu à un lieu, à une maison, à un paysage qui nous a portés, qui nous a
bercés, qui a vu grandir une portion de nous-mêmes. On ferme la porte une
dernière fois, le cœur serré, avec ce mélange étrange de nostalgie et d’élan
vers l’inconnu.
On dit
adieu à un animal de compagnie, compagnon silencieux et fidèle qui a partagé
nos joies et nos silences. Son départ laisse un vide immense, disproportionné
au regard de sa taille, mais juste à la hauteur de sa présence dans nos vies.
Et puis
il y a ces petits adieux du quotidien : une habitude qu’on abandonne, une
saison qui s’achève, un rêve qu’on remet doucement à la rivière de
l’impermanence.
Tous ces
adieux nous rappellent une chose simple et essentielle : rien ne dure. Pas même
nos joies, pas même nos peines. Tout passe. Tout se transforme. Et c’est
peut-être là le plus grand cadeau que nous fait la vie : nous apprendre à aimer
sans saisir, à apprécier sans retenir, à goûter chaque instant en sachant qu’il
n’appartient qu’à maintenant.
Dire
adieu , c’est apprendre à honorer le passage. C’est reconnaître la beauté
d’avoir vécu, même si cela s’achève. C’est un mot qui clôture, mais qui,
paradoxalement, ouvre aussi : vers un nouveau chapitre, vers une autre
expérience, vers un autre souffle.
Parce
qu’au fond, chaque adieu est aussi un bonjour ".
Claude
Legendre