samedi 2 août 2025

Crever debout, pas à genoux. Vieux con. S’en aller sans permission. v'là la dernière liberté

 



 Crever debout, pas à genoux. Vieux con. 

S’en aller sans permission.

 

V'là oui la dernière liberté qu’il te reste,

C’est celle de choisir quand tu veux te casser.

Pas demain, pas quand le médecin aura fini son planning,

Pas quand la famille aura trouvé une demi-journée pour venir dire adieu

Entre deux notifications de merde.

Non. Maintenant. Quand t’en as ras la gueule.

 

Ce n’est pas de l’égoïsme.

Ce n’est pas une déprime.

C’est juste que t’en as fini.

T’as vécu. T’as goûté.

T’as ri. T’as baisé. T’as dragué. T’as aimé, T’as foutu le bordel,

T’as payé. T'as bossé, T'as été un gentil con d’électeur et de citoyen.

 

Et maintenant on veut te mettre en pyjama à fleurs

Dans une salle commune qui pue la compote chaude,

Devant un écran géant où des cons hurlent pour vendre une tondeuse

À des types à moitié morts.

 

La vieillesse, ce n’est pas noble.

Ce n’est pas une ascension mystique.

C’est un naufrage.

C’est ton corps qui t’envoie des insultes tous les matins,

Ta mémoire qui se barre comme une salope dans la nuit.

Et ton silence qui se fait violer

Par les blouses blanches et les vieux voisins qui bavent.

 

On me dit :

"faut penser à ceux qu’on laisse."

Tu parles.

Eux, ils auront la paix.

Eux, Heureusement ils ont leur vies

Putain mais qu'ils en profitent un max 

Elle passe tellement vite 

Moi, je reste avec la douleur, les pilules qui collent au palais.

Qu’on me foute la paix.

 

j’ai vécu seul,

Parce que les gens me faisaient chier.

J’avais ma montagne,

Ma baraque pas droite,

Mes copains fidèle le chien et le Chat 

Mon bourbon 

Mon jazz,

Ma zik bien grasse à 3h du mat.

Et mes films chelous sur Netflix 

Pendant que la pluie frappait le toit.

Que le poêle ronronnait l'hiver

Avec ce froid pure ou la neige 

 

Et là on veut m’enfermer avec d’autres vioques

Qui m’appellent "mon mignon" ou "le monsieur".

Me mettre dans une chambre stérile,

Me dire quand dormir, quand manger,

Quand regarder ma tv , quand pisser.

Non. allez-vous faire foutre.

 

Je veux crever comme j’ai vécu.

Libre. Bruyant ou silencieux. Mais libre.

Je veux pouvoir dire : "c’est bon les gars. stop."

Et qu’on me donne la clé pour sortir, pas un sermon.

 

Y’a plus personne que je reconnais au village.

Les anciens sont presque tous morts,

Remplacés par des familles propres sur elles,

Mais sales dans leurs têtes.

Des parigots qui gueulent pour un coq qui chante,

Qui veulent tout bétonner

Qui passe leur temps à couper l’herbe

Qui jettent leurs clopes par terre

Et sourient comme on tend un piège.

 

Je ne veux pas vieillir au milieu de ça.

Je ne veux pas vivre dans leur bruit,

Ni dans leur silence artificiel.

Je veux mon bordel à moi.

Ma fin à moi.

Mon putain de dernier mot.

 

Alors ouais.

L’euthanasie, je dis oui.

Je signe de suite

Pas parce que j’ai envie de mourir,

Mais parce que j’en ai assez de survivre comme ça.

 

Qu’on me laisse crever debout.

Pas allongé, pas attaché,

Pas nourri à la paille comme une bête

 Trop vieille pour qu’on la respecte.

 

 Et puis y'a l'hôpital.

L’enfer blanc.

Les murs aseptisés qui puent la mort,

Les néons blafards comme une claque en pleine gueule à 6h du matin,

Et ces médecins… ces foutus médecins.

 

Froids comme la pierre.

Gonflés de science, de jargon, d’ego.

Ils te regardent plus comme un être humain,

Mais comme un dossier, un protocole, une statistique de plus.

“on va tenter quelque chose.”

Et toi t’es là, à moitié crevé,

À écouter ce “quelque chose” qui va juste te faire pourrir 6 mois de plus

Avec un tuyau dans chaque trou.

 

Non, je ne serais pas un miracle de la médecine.

Pas pour gratter deux saisons contre ce putain de crabe.

Pas pour faire plaisir à la recherche clinique.

 

Je ne suis pas un cobaye.

je suis pas un dossier.

 

Je suis juste un vieux con

Qui a connu la vraie vie,

Qui l’a goûtée, mâchée, recrachée parfois.

Un vieux qui ne veut pas de leur fausse mort,

En chambre 312, avec vue sur un parking.

 

Je ne veux pas crever coucher, branché, enfermé.

Je ne veux pas finir dans ce théâtre aseptisé

Où tout est blanc sauf la peur.

Je ne veux pas de leur dignité en plastique,

Ni de leur pitié déguisée en charité.

 

Je veux juste qu’on me laisse partir,

Vivant jusqu’au bout,

Pas prolongé comme une émission de télé

 Qu’on aurait dû arrêter à la première pub.

 

Alors ouais,

L’idéal ce serait ça :

Pouvoir partir quand on le décide,

Loin de ce monde de bargeots,

Loin du vacarme, des écrans, des égos,

Loin de la ville, de ces infos nauséabondes

 De la blouse blanche, de la pitié dégoulinante.

 

Juste s’asseoir,

Tranquille,

Face à sa montagne,

Les forêts noires de sapins qui ont tout vu, tout gardé.

Le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes

Un lac silencieux en contrebas,

Les derniers rayons du soleil sur la gueule,

Et cette certitude au fond du ventre :

J’ai vécu. Maintenant, je me casse.

 

Un simple comprimé.

Pas une seringue, pas un chariot,

Pas un putain de feu vert administratif.

Non, juste le choix.

Un geste, et la paix.

Le dernier voyage, sans retour, sans chichi.

 

Merde, même en 40, les espions avaient ce droit.

Nous, non.

On préfère nous faire crever lentement,

Entourés de machines,

À supplier pour qu’on éteigne la lumière.

 

Moi je ne veux pas qu’on éteigne la lumière.

Je veux m’endormir dedans.

Libre. Libre comme Max

Debout.

Comme un vieux con

Qui n’a jamais rien demandé

À part qu’on le laisse tranquille.

 

 Une simple réflexion partagée,

Signé Ours du Forez

© copyright Ours du Forez

 Aout 2025