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Parce qu'on a tous quelque chose de cassé en soi. De bancale, de détérioré, de
fragile. On a tous quelque chose de sombre, d'entaché, de lugubre, de caché. On
a tous nos tumultes qui font mal, ou des secrets inavoués. Un schéma pas
classique me direz vous ? C'est quoi le classique ? Le normal ? Je connais peu
de vies normales. C'est toujours hors sentier que l'on se découvre. Jamais en
apprenant les leçons de nos livres, mais en vivant, tout simplement. En se
cassant la gueule même. Les erreurs ne se fuient pas, elles s'assument. Les
choix se feront toujours nombreux, avec leurs lots de désolation, et leurs
trophées. On a tous des choses pas guéries, des morceaux de puzzles manquants,
des trous de mémoires géants, et des particules infimes qui s'incrustent en
nous, comme des murs de parloir, auquel on parlerait bien parfois. On est tous
un peu chiffonné, maltraité, abîmé. Personne n'est une toile vierge, une terre
aride où tout est à construire. On a tous nos bagages. Familiaux, sexuels,
corporels, émotionnels. C'est ainsi. C'est parfois bien même. D'autres fois,
suivant l'humain, ou ses blessures, c'est davantage compliqué. Mais tout le
monde peut choisir de se réparer. D'entrer dans sa vie comme un chef
d'orchestre et non un spectateur qui assistera au défilé de secondes qu'il
subit. Tout le monde a le choix. De guérir, de couper des liens. De pardonner,
de se réinventer. Tout le monde a ses mots pour en parler, ses silences pour
oublier. Tous, nous pouvons choisir de pleurer le reste de nos jours sur nos tombes,
ou fleurir nos tombeaux pour embellir ce qui reste à venir. La vie n'est jamais
une science exacte. Rien de ce qui se passe n'est d'ailleurs vraiment prévu. Et
puis à quoi bon s'attarder sur la partie sombre de chacun d'entre nous, si
l'autre moitié est absolument grandiose, au point de faire de l'ombre à nos
fêlures ?"
Cyrielle
Soares