Et un
jour, je me suis lassé…
Je me
suis lassé des gens, amis comme inconnus.
Je me
suis lassé d'essayer de réparer ce que je n'avais pas brisé.
Je me
suis lassé de me justifier pour des mots que je n'avais ni dits, ni pensées,
victimes des commérages d'abrutis que je méprise, tant ils sont invisibles à
mes yeux.
Je me
suis lassé de défendre des causes justes face à un monde sourd.
Je me
suis lassé de chercher des solutions à des problèmes que je n'avais jamais
causés.
Je me
suis lassé de tendre la main à ceux qui m'avaient tourné le dos.
Je me
suis lassé de donner sans compter, sans retour, sans même un regard.
Je me
suis lassé d'offrir le meilleur de moi-même à des cœurs indifférents.
Je me
suis lassé des fêtes du village où l'on me salue sans jamais me chercher le
reste de l'année.
Je me
suis lassé de prévenir, d'alerter, d'ouvrir les yeux des autres sur leurs
propres tempêtes à venir, alors qu'ils n'écoutaient jamais.
Je me
suis lassé de dresser de belles tables, de cuisiner avec soin, pour voir
disparaître ceux qui s'y étaient attablés à peine le repas terminé.
Je me
suis lassé d'être toujours celui qui compose le premier numéro, qui envoie le
premier message, qui maintient en vie des liens déjà morts.
Je me
suis lassé des appels intéressés, des amitiés conditionnelles, des souvenirs
qui ne respectent plus qu'à moi.
Appelez
cela comme vous voulez : égoïsme, renoncement, détachement.
Moi, je
l'appelle lucidité.
Car à
force de vouloir préserver ce qui s'effrite, on finit par comprendre :
certaines choses ne méritent plus qu'on s'y accrocher.
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