" Peut-être mourrai-je bientôt. Alors, plus personne
Ne se souviendra de moi, nul
ne viendra se recueillir sur ma tombe.
Ceux qui
m’ont connu diront : “Il était un homme bon, loyal.”
D’autres
rétorqueront : “C’était un misérable, un vaurien.”
Et ma page sera tournée du grand registre de la vie,
Sans qu’aucune trace n’atteste
jamais de mon passage.
La vie reprendra son cours comme si de rien n’était :
Le soleil se lèvera chaque matin
et disparaîtra chaque soir.
La seule
chose qui aura changé, c’est mon absence.
Et me voilà, après une vie entière passée à m’inquiéter, à douter,
A craindre ce qui fut et ce qui sera, oubliant ma propre personne,
Et me consumant à écouter ce que les autres disaient de moi. "
Dostoïevski, Les Pauvres