Je lui demandais comment elle faisait pour supporter
Ces déboires qui s'accrochaient à
elle comme des revenants.
Elle me
répondait d'une voix limpide ...
On fait
avec...
Le temps
s'arrange pour rendre les choses vivables. Alors, on oublie et on se persuade
que le pire est derrière soi. Bien sûr, le gouffre nous rattrape au détour
d'une solitude et on tombe dedans. Curieusement, dans la chute, on éprouve une
sorte de paix intérieure. On se dit c'est ainsi, et c'est tout. On pense aux
gens qui souffrent et on compare nos douleurs. On supporte mieux la nôtre
après. Il faut bien se mentir. On se promet de se ressaisir, de ne pas retomber
dans le gouffre. Et si, pour une fois, on parvient à se retenir au bord du
précipice, on trouve la force de s'en détourner.
On
regarde ailleurs, autre chose que soi.
Et la vie reprend ses droits, avec ses hauts et ses bas.
On a beau acheter ou se vendre,
on est que des locataires sur terre.
On ne
détient pas grand-chose finalement.
Et
puisque rien ne dure, pourquoi s'en faire ?
Quand on atteint cette logique, aussi bête soit-elle,
Tout devient tolérable. Et alors,
on se laisse aller, et ça marche...
Yasmina
Khadra.