Avec les années qui tombent comme des canettes vides
Avec l’âge qui s’installe dans les os
Comme un squat qui refuse de dégager,
Tu finis par comprendre une chose :
les gens ne voient rien.
Même les plus proches. Même ceux que tu croyais
Capables de lire ton foutu regard.
Ils
passent leur vie à te frôler sans jamais entrer.
Ils ne voient pas les rêves qui crament en silence,
Les peines coincées dans la gorge, les nuits où tu t’écroules
Seul en regardant le plafond comme
Si c’était une
putain de prison.
Ils ne sentent pas le poids de tes défaites,
Le goût amer de tes petites victoires
Que personne n’applaudit.
Ils s’en
foutent.
Ils ont leurs propres fantômes,
Leurs blessures mal cicatrisées,
Leurs espoirs foutus en l’air par des jobs pourris,
Des amours bancales, des lendemains
Qui claquent
toujours plus secs.
Alors, oui, c’est simple, absurde et cruel :
La plupart du temps, tu pourrais hurler ou crever
Dans un coin, ça ne changerait rien.
La terre continuerait de tourner, les voisins de râler,
Et la télé de cracher son vomi
quotidien.
Mais
bizarrement, on ne leur en veut pas.
Parce
qu’on devine qu’ils portent le même poids.
Eux aussi survivent comme ils peuvent,
la gueule basse, les poches vides, le cœur
cabossé.
Eux aussi
traînent leur merdier à bout de bras.
Et ça, ça
rend tout ce cirque encore plus tragiquement banal.
Signé Ours du Forez
© copyright Ours du Forez
Aout 2025