Avant
lui, j'ignorais qu'un sentiment pouvait s'insinuer. Je croyais que c'était là,
un jour, posé devant soi, comme une évidence indiscutable. Avec lui, c'est venu
lentement, sans que je m'en rende compte.
Je le
croisais chaque jour, je le regardais à peine, rien ne me portait vers lui. Et,
un matin, j'ai compris. Compris que sa présence était devenue un baume, que son
absence était une brûlure. Un matin, à force de l'avoir à mes côtés, j'ai pris
conscience que je ne serais plus capable de me passer de lui.
Philippe
Besson
Les jours fragiles.
