Pourquoi
cette haine envers les plus fragiles ?
Il est
sidérant de constater l'hostilité grandissante envers les bénéficiaires du RSA.
Comment en est-on arrivé à détester ceux qui, avec 550 € par mois, tentent
simplement de survivre ? Ces personnes ne sont ni des criminels, ni des
fraudeurs de masse, ni des assistés volontaires. Elles sont souvent les
premières victimes d'une société qui prône la performance et l'individualisme,
mais qui n'hésite pas à broyer ceux qui, un jour, ont chuté.
Parmi
eux, combien d'anciens salariés licenciés lors de délocalisations ? Combien de
petits entrepreneurs, artisans, commerçants qui ont vu leur rêve s'effondrer
sous le poids de la concurrence et des difficultés économiques ? Combien de
malades, de personnes atteintes d'un cancer, de dépression nerveuse ou d'un
handicap insuffisamment reconnu pour obtenir l'AAH (Allocation aux Adultes
Handicapés) ?
Contrairement
à certains clichés, ces personnes ne volent pas, n'agressent pas. Elles se
cachent bien souvent dans la honte, stigmatisées par une société qui leur
reproche leur existence. Pourtant, ce filet de sécurité est essentiel.
Nous
devrions plutôt nous inquiéter pour l'avenir. Qui peut garantir qu'il ne se
retrouvera jamais dans cette situation ? Un divorce, une maladie, une faillite,
une perte d'emploi... Il suffit parfois de peu pour basculer. Plus l'âge
avance, plus les difficultés à rebondir augmentent. Avec la réforme des
retraites et le recul de l'âge de départ, combien de personnes de 58 à 65 ans
se retrouveront-elles au RSA, incapables de retrouver un emploi, trop jeunes
pour la retraite, mais trop vieux pour intéresser le marché du travail ?
Et si
l'on supprimait le RSA, que se passerait-il ? Plus de détresse, plus
d'agressions, plus de désespérance. Certains s'indignent de voir ces aides
exister, mais ne réalisent pas que sans elles, la précarité engendrerait un
chaos bien plus grand.