Avec le
temps, le corps se tasse, mais l'esprit se désencombre : on voit ce qui compte,
et on vire ce qui encombre. C'est peut-être en vieillissant qu'on devient
jeune. La vieillesse est un sauvetage parce qu'on va à l'essentiel.
Régis Debray
Je ne
compte plus les années, je compte les instants.
J’ai
traversé la vie à toute allure.
Des nuits
de lumière derrière mes platines, où la musique était ma langue et la fête, ma
maison.
Des
courses folles, le cœur serré dans l’acier des moteurs, où l’amitié naissait au
milieu de la poussière et du bruit.
Et tant
de rencontres...
Des
femmes croisées sur la route, dans les éclats du jour ou le mystère des soirs,
chacune déposant une trace douce ou brûlante sur ma peau, dans mon âme.
Tout cela
est là, encore vivant en moi, mais je n’y cours plus.
Je ne
cherche plus l’ivresse, ni la vitesse, ni la conquête.
Aujourd’hui,
je veux la lenteur, la profondeur, le vrai.
Plus de
place pour l’absurde, pour l’orgueil ou les faux-semblants.
Je veux
les silences habités, les sourires sincères, les cœurs qui battent sans
tricher.
Je suis à
l’aube de ma troisième vie.
Le
printemps agite les branches, mais en moi, c’est déjà l’hiver doux, celui qui
apprend à aimer autrement.
À 65 ans,
je n’ai plus de temps à gaspiller.
Non, je
n’ai plus le temps… que pour le bonheur.
Un
bonheur simple, tissé avec ce qu’il reste de lumière, d’élans, de rêves
tenaces.
Et je
marche, encore, libre et léger, vers ce qui reste à aimer.
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