samedi 12 avril 2025

Je ne compte plus les années, je compte les Instants.

 





Avec le temps, le corps se tasse, mais l'esprit se désencombre : on voit ce qui compte, et on vire ce qui encombre. C'est peut-être en vieillissant qu'on devient jeune. La vieillesse est un sauvetage parce qu'on va à l'essentiel.


 Régis Debray


Je ne compte plus les années, je compte les instants.

 

J’ai traversé la vie à toute allure.

Des nuits de lumière derrière mes platines, où la musique était ma langue et la fête, ma maison.

Des courses folles, le cœur serré dans l’acier des moteurs, où l’amitié naissait au milieu de la poussière et du bruit.

Et tant de rencontres...

Des femmes croisées sur la route, dans les éclats du jour ou le mystère des soirs, chacune déposant une trace douce ou brûlante sur ma peau, dans mon âme.

 

Tout cela est là, encore vivant en moi, mais je n’y cours plus.

Je ne cherche plus l’ivresse, ni la vitesse, ni la conquête.

 

Aujourd’hui, je veux la lenteur, la profondeur, le vrai.

Plus de place pour l’absurde, pour l’orgueil ou les faux-semblants.

Je veux les silences habités, les sourires sincères, les cœurs qui battent sans tricher.

 

Je suis à l’aube de ma troisième vie.

Le printemps agite les branches, mais en moi, c’est déjà l’hiver doux, celui qui apprend à aimer autrement.

 

À 65 ans, je n’ai plus de temps à gaspiller.

Non, je n’ai plus le temps… que pour le bonheur.

Un bonheur simple, tissé avec ce qu’il reste de lumière, d’élans, de rêves tenaces.

Et je marche, encore, libre et léger, vers ce qui reste à aimer.


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