mardi 27 mai 2025

Dans un quartier de mésanges, dont je fais au printemps mes délices

 

 


Dans un quartier de mésanges, dont

 Je fais au printemps mes délices, 

Le plus intelligent des oiseaux libres, fait,

 A l’homme, le maximum d’avances.

Si je m’arrête, les mésanges descendent au-dessus 

De ma chienne qu’elles toisent et interrogent.

L’époque des nids les voit folles de joie, belliqueuses,

 Ivres de confiance et de témérité…

Leur voracité d’échenilleuses est incomparable. 

Elles grimpent en spirale comme des rats, 

Collées à la branche qu’elles visitent, 

Et ne laissent pas une larve, pas un puceron vivant.

Ce peu de bleu sur l’aile, ce petit béguin

 noir noué sous le menton,

 L’œil vif, les airs de tête, la coquetterie, il n’est pas un détail

 De la mésange, de son nid, de ses œufs, qui ne nous ravisse.


Sidonie Gabrielle Colette

Le Journal de Colette