Dans un quartier de mésanges, dont
Je fais au printemps mes délices,
Le plus intelligent des oiseaux libres, fait,
A l’homme, le maximum d’avances.
Si je m’arrête, les mésanges descendent au-dessus
De ma chienne qu’elles toisent et
interrogent.
L’époque des nids les voit folles de joie, belliqueuses,
Ivres de confiance et de
témérité…
Leur voracité d’échenilleuses est incomparable.
Elles grimpent en spirale comme des rats,
Collées à la branche qu’elles visitent,
Et ne laissent pas une larve, pas
un puceron vivant.
Ce peu de bleu sur l’aile, ce petit béguin
noir noué sous le menton,
L’œil vif, les airs de tête, la coquetterie, il n’est pas un détail
De la mésange, de son nid, de
ses œufs, qui ne nous ravisse.
Sidonie
Gabrielle Colette
Le Journal de Colette