VACANCES
FRANÇAISES : CHALEUR, CRÉDIT ET CRÉTINISME
Ils
appellent ça les vacances.
Moi
j’appelle ça la grande transhumance des beaufs en claquettes.
Une fois l’an, les métros-boulots-dodos se transforment
En
embouteillages-canicule-camping-club.
Les mômes impatient les disputes des Couples
Et tout
ça… Pour la plupart a crédit. Évidemment.
Ils vivent déjà les uns sur les autres toute l’année
Dans leurs clapiers de banlieue,
Leurs boîtes à sardines verticales,
Alors pourquoi ne pas prolonger
l’expérience ?
Direction
la Côte d’Azur — ou ce qu’il en reste.
Là où la
mer est plus polluée qu’un évier de station-service,
Où
l’huile solaire flotte sur l’eau comme une nappe de mazout,
Où le
pain bagnat coûte 9 balles et goûte le plastique tiède,
Et où les mioches hurlent pendant que papa met
Nostalgie à fond, parce que “ça, c’est de
la musique !”
Avant même d’arriver, t’as déjà cramé 150 balles de carburant,
80 en péages, et mangé
un sandwich SNCF qui date du mois dernier,
Un machin caoutchouteux avec un semblant de viande
Qui ferait pleurer une hyène.
Et tout
ça pour quoi ?
Pour poser tes valises dans un "camping"
A 2800 euros la semaine (moyenne
4 personnes)
N’oublions
pas les sorties restos souvenirs made in China
Allez oups 1000 €
Pardon, un village vacances, avec des bungalows blancs collés-serrés
comme les barres
HLM qu’ils ont quittées quelques heures plus tôt.
Mais ça,
ils trouvent ça chic.
Y’a une
piscine avec du monde dedans comme dans une soupe aux microbes.
Y’a des soirées karaoké où Géraldine taille 44
Braille du Céline Dion avec une voix de porte qui
grince.
Y’a
Jean-Mi qui rote sa Leffe au babyfoot.
Et
surtout : y’a l’impression d’être parti, alors qu’ils ont
Juste recréé leur quotidien en pire, avec le
soleil en plus.
Le sueur
la chaleur
Et le
clou du spectacle ?
Le flash
du radar sur l’A7, pour 10 km/h au-dessus, pendant qu’ils rentrent.
Encore 90
balles, et 2 points en moins.
Allez
hop, ça fera 3890 euros la semaine.
Et ça
râle, bien sûr.
Parce que
les Français sont des champions du monde de la râlerie.
Mais
jamais contre eux-mêmes.
Et puis
faut les voir en septembre,
Éreintés,
fauchés, rouge écarlate,
Mais
fiers d’avoir posté 140 stories Insta depuis leur transat de misère.
La France
est un pays de râleurs surendettés,
Accros au
paraître, au soleil, et à leur propre médiocrité.
Des mecs
qui vivent au coude-à-coude toute l’année,
Et qui ne
rêvent que d’aller s’entasser ailleurs,
Pour
faire exactement la même chose :
Rien de
neuf, mais en tongs.
Moi, je
n’ai pas besoin d’un club pour me sentir vivant.
Je n’ai pas besoin d’une piscine où flottent
Des mioches criards et des ballons roses.
Je veux
du silence, du vent dans les sapins,
Des
rivières glacées où je peux foutre mes pieds
Pendant
que le soleil joue à cache-cache avec les nuages.
Un 4x4 un
Toy ou un bon vieux Mono Yamaha 500 XT
une tente
J’veux
pas croiser un abruti tous les cinq mètres.
J’veux
pas entendre parler du dernier resto à la mode ou de la meilleure paëlla du
camping des Flots Bleus.
Non. Moi
j’veux la fraîcheur des montagnes, le cri d’un milan au loin,
Les
sabots d’un chamois ou les crottes d’un renard sur le sentier.
J’veux
mes potes des baroudeurs ont la peau tannée
Les feux
de camp le soir ou on refait le monde
On parle Rallye
du Dakar l’ancien bien sûr
Nos clebs. Fidèles, silencieux, pleins de bon
sens.
Et si je
dois croiser des créatures,
Les
Femmes qu’elles soient belles, sauvages, à l’âme libre
Des
pouliches rares, pas des cagoles parfum monoï.
Je suis
peut-être un ouf, un ours, un vieux con pour certains.
Mais plus le temps passe, plus j’aime ce qui s’éloigne
Du bruit, des foules et des mômes
braillards.
Je veux
du brut, du pur, du vrai.
Loin du
monde, des écrans et des cons.
Une simple réflexion partagée,
Signé Ours du Forez
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