vendredi 24 octobre 2025

Parce qu’à force de vouloir calmer les villes, ils les anesthésient

 



À l’attention des politiques, des élus, des « experts », des décideurs et autres acharnés « créateurs de villes apaisées » de Belgique… et d’Europe,

Ah, les voilà, les apôtres du bitume vert ! Les prédicateurs du « monde d’après », ceux qui rêvent de villes sans bruit, sans voitures, sans vie, presque sans gens — juste des vélos en liberté et des trottinettes en goguette. Les bons docteurs de l’air pur, qui veulent nous fabriquer des cités « apaisées » à coup de pots de fleurs géants et de bancs en bois recyclé.

L’intention est louable, qu’ils disent, la respiration collective, la planète, la qualité de vie… Oui, oui, tout ça c’est joli sur les affiches de campagne, avec des oiseaux numériques et des mamans blondes en trottinette électrique.

Mais dans la vraie vie, celle où on court entre deux gosses, un boulot et une machine à laver en rade, leur monde apaisé, c’est un enfer organisé.

Parce qu’à force de vouloir calmer les villes, ils les anesthésient.

Et surtout, ces génies de la concertation participative, ils ont trouvé la botte secrète : supprimer les places de parking. Partout. Comme s’ils voulaient punir les automobilistes d’exister, les commerçants de respirer, et les gens pressés de vivre.

Les parkings disparaissent comme des billets de cinq euros un soir de fête. Et pendant ce temps, les commerçants crèvent à petit feu derrière leurs vitrines. Les vrais, hein, pas les enseignes en néon de la zone industrielle !

Eux, les artisans du coin, les marchands de journaux, les boulangers, les cordonniers. Ceux qui font encore partie du décor, de l’odeur du quartier.

Mais voilà, quand on ne peut plus se garer, on ne s’arrête plus.

Et quand on ne s’arrête plus, les caisses sonnent creux.

Et quand les caisses sonnent creux, les rideaux tombent.

Simple comme une addition de fin de mois.

Et pendant que le petit commerce agonise, les géants d’Internet se frottent les algorithmes : livraison gratuite, stationnement illimité dans ton canapé.

C’est beau, le progrès.

À ce rythme, dans deux ans, on commandera le pain et les fleurs sur une appli, livrés par un drone qui aura, lui, le droit de se poser là où toi, pauvre humain, tu ne peux plus garer ta Clio.

Mais ce que nos architectes de la vertu ne pigent pas, c’est la nuance entre faire du shopping et faire ses courses.

Faire du shopping, c’est flâner le samedi, main dans la main, avec le portefeuille qui s’ennuie et le temps qui s’étire.

Faire ses courses, c’est tout le contraire : c’est entre le cours de musique du gamin, le rendez-vous chez le dentiste de la petite et le coup de fil du boss qui demande où t’en es du rapport.

C’est du sport, pas du tourisme. Et dans ce genre de marathon, le parking place de la Gare, à 500 mètres du centre, c’est pas un atout : c’est une punition.

Parce que la plupart des courses se font en cinq minutes.

Cinq vraies minutes.

Le pain, un livre pour l’école, deux tranches de jambon, une ordonnance à la pharmacie, un paquet de clopes.

Des gestes du quotidien, minuscules mais vitaux.

Et pour ces gestes-là, on n’a pas une heure à perdre pour traverser la moitié de la ville à pieds ou à chercher une borne magique pour badger sa plaque d’immatriculation.

Vous parlez de « villes apaisées », mais vous fabriquez des villes déprimées.

Des rues où on entend le vent se demander où sont passés les gens.

Des trottoirs sans clients, des commerces sans lumière.

Des quartiers jolis, peut-être, mais vides comme un théâtre après la dernière.

Le vrai apaisement, mes chers urbanistes, il est pas dans la disparition du mouvement, il est dans l’équilibre.

Entre le piéton, le cycliste, le conducteur, le commerçant et la ménagère pressée.

Une ville, c’est un organisme vivant.

Et quand vous lui arrachez les places de parkings, vous lui coupez les veines.

Alors oui, gardez vos pistes cyclables, vos pots de basilic sur les ronds-points, vos bancs design pour les pigeons.

Mais laissez au moins quelques places pour que la vie puisse se garer deux minutes, le temps d’un pain chaud et d’un sourire.

Parce qu’une ville, ça ne se pacifie pas à coups d’interdictions.

Ça se fait respirer par ceux qui la vivent, qui y bossent, qui y galèrent, qui y aiment.

Et ceux-là, croyez-moi, ils ont besoin d’une place, pas pour rêver, juste pour se garer.


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