"Une
tombe, ce n'est rien qu'un coffre vide. Celui que j'aime tient tout entier dans
mon souvenir, dans un mouchoir encore parfumé que je déplie, dans une
intonation que je me rappelle soudain et que j'écoute un long instant, la tête
penchée... Il est dans un court billet tendre dont l'écriture pâlira, dans un
livre usé que flattèrent ses yeux, et sa forme est assise à jamais, pour moi, —
mais pour moi seule — sur ce banc d'où il regardait, pensif, bleuir dans le
crépuscule la Montagne aux Cailles..."
Colette
La
Retraite sentimentale