J'ai vu
des miracles se produire, quand les gens disent la vérité. Pas la
"belle" vérité. Pas la vérité qui cherche à plaire ou à réconforter.
Mais la vérité sauvage. La vérité féroce. La vérité qui dérange. La foutue
vérité. La vérité que nous avons peur de dire. L'horrible vérité sur nous que
nous cachons pour "protéger" les autres. Pour éviter d'être
"trop". Pour éviter d'avoir honte et de se sentir rejeté. Pour éviter
d'être vu. La vérité de nos sentiments les plus profonds. La rage que nous
avons ressassée, dissimulée, maîtrisée. Les terreurs dont on ne veut pas
parler. Les défenses se décomposent enfin, et ce matériel dangereux émerge du
plus profond de l'inconscient. Nous ne pouvons plus le retenir. L'image du bon
garçon ou de la gentille fille, s'évapore. Celle du parfait, de celui qui a
tout compris,ce sont des images qui brûlent. Pas une vérité
"spirituelle", soigneusement formulée et conçue pour prévenir
l'offense. Pas une vérité habilement emballée. Mais une vérité humaine
désordonnée, enflammée, bâclée. Une vérité sanglante, passionnée, provocatrice,
sensuelle. Une vérité mortelle, indomptée et sans fard. Et fragile, collante,
suante, vulnérable. La vérité de ce que nous ressentons. La vérité qui permet à
l'autre de nous voir à l'état brut. La vérité qui fait haleter, qui fait battre
le cœur. C'est la vérité qui nous libérera. J'ai vu des dépressions chroniques
et des angoisses permanentes s'effacer du jour au lendemain. J'ai vu s'évaporer
des traumatismes profondément enracinés. J'ai vu de la fibromyalgie, des
migraines à vie, de la fatigue chronique, des maux de dos insupportables, des
tensions corporelles, des troubles de l'estomac, disparaître, ne jamais
revenir. Bien sûr, les effets secondaires de la vérité ne sont pas toujours
aussi dramatiques. Et nous n'entrons pas dans notre vérité avec un résultat en
tête. Mais pensons aux énormes quantités d'énergie nécessaires pour engourdir
notre nature farouche, réprimer notre rage, nos larmes et notre terreur,
soutenir une fausse image, et faire semblant d'être bien. Pensons à toute la
tension dans le corps, et aux dommages causés à notre système immunitaire,
quand nous vivons dans la peur de " nous montrer". Prenons le risque
de dire notre vérité. Trouvons une personne sûre, un ami, un thérapeute, un
conseiller et laissons-les entrer. Laissons-les nous tenir alors que nous nous
brisons. Laissons-les nous aimer alors que nous pleurons, rageons tremblons de
peur en plein gâchis. Dire sa putain de vérité à quelqu’un, cela pourrait
simplement nous sauver la vie, nous guérir du plus profond de nous".
Jeff
Foster